Guerre en Ukraine : Les pays africains s'organisent pour rapatrier leurs ressortissants.

Dix-sept étudiants sont arrivés mardi à Accra, premier rapatriement de Ghanéens à l'heure où les pays africains tentent d'apporter de l'aide à leurs ressortissants fuyant l'invasion russe de l'Ukraine. Selon le Sénégal, une douzaine d'ambassades africaines

Un premier groupe d'étudiants ghanéens évacués d'Ukraine a été rapatrié mardi 1er mars au Ghana, à l'heure où les pays africains intensifient leurs efforts pour aider leurs ressortissants à fuir l'invasion russe. Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique, a lui déclaré qu'il commencerait à évacuer dès mercredi plus de 1 500 de ses ressortissants ayant trouvé refuge en Pologne, en Hongrie et en Roumanie.

Avant l'offensive, l'Ukraine accueillait quelque 16 000 étudiants africains, selon l'ambassadrice d'Ukraine à Pretoria, Liubov Abravitova, qui tente de faciliter le rapatriement de certains d'entre eux.

En tout, plus de 660 000 personnes fuyant l'Ukraine ont afflué vers les pays voisins, des chiffres qui augmentent de façon "exponentielle", a indiqué mardi le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). "À ce rythme, la situation semble devoir devenir la plus grande crise de réfugiés du siècle en Europe", a déclaré une porte-parole du HCR, Shabia Mantoo, lors d'un point-presse à Genève.


Inquiétude de l'Union africaine

Le gouvernement du Nigeria a lui affirmé se préparer à évacuer dès mercredi plus de 1 500 de ses ressortissants ayant trouvé refuge en Pologne, en Hongrie et en Roumanie. Environ 8 000 ressortissants nigérians sont en Ukraine, dont 5 600 étudiants, a précisé le ministre des Affaires étrangères, Geoffrey Onyeama.

Le chef de la diplomatie nigériane a également indiqué s'être entretenu avec les autorités ukrainiennes et polonaises pour s'assurer que les Nigérians ne se verraient pas refuser le droit de traverser la frontière.

L'Union africaine (UA) a fait part lundi de son inquiétude après les accusations croissantes de comportements racistes à l'encontre de ressortissants africains aux frontières ukrainiennes, que certains semblent empêchés de rejoindre ou de franchir. Appliquer un "traitement différent inacceptable" aux Africains serait "choquant et raciste" et "violerait le droit international", a-t-elle souligné.

L'ambassadrice de Pologne au Nigeria a rejeté ces accusations, affirmant que "tout le monde reçoit un traitement égal" à la frontière entre l'Ukraine et la Pologne. Mais certains étrangers, dont des Africains, affirment avoir encore du mal à rejoindre les pays voisins de l'Ukraine. Plusieurs étudiants africains ont raconté avoir été mis de côté pour permettre aux Ukrainiens de passer la frontière en premier.

Mutualisation des moyens africains

"C'est bloqué, personne ne nous dit rien. Ils appellent 20 personnes pour les laisser passer, mais nous sommes toujours là, nous ne bougeons pas d'un pouce", s'est lamenté Richard Adjei Kusi, étudiant ghanéen interrogé par l'AFP à la frontière polonaise. "Si vous regardez la file d'attente, nos amis, certains d'entre eux sont là depuis plus de quatre jours maintenant", a ajouté le jeune homme, bloqué lui depuis deux jours.

De nombreux pays africains, de l'Afrique du Sud à la République démocratique du Congo, tentent d'aider leurs ressortissants ayant quitté l'Ukraine.

Le secrétaire d'État aux Sénégalais de l'étranger, Moïse Sarr, a indiqué mardi matin à Dakar que plus de 20 ressortissants sénégalais avaient afflué vers la Pologne et qu'ils étaient pris en charge par l'ambassade à Varsovie. Moïse Sarr a également affirmé qu'une douzaine d'ambassades africaines ont "mutualisé leurs moyens et leurs efforts" pour améliorer l'accompagnement des ressortissants africains se trouvant en Ukraine.