Emeneya à l'Olympia : du bon, du sublime puis de l'ennui

Concert du 12 Juillet 2008, par Botowamungu Kalome

Parce que l’Olympia est mythique, parce qu’en 1970 quand Tabu Ley y a joué à l’invitation de son propriétaire Bruno Coquatrix cela valait une consécration sur le plan international, Emeneya s’est enorgueilli, ce samedi 12 juillet, d’être le premier chanteur congolais à repasser dans cette salle. Qu’importe si Olympia n’était rempli qu’à 2/3 comme pour montrer que ce seul fait ne suffisait pas pour attirer des mélomanes. Quant au concert proprement dit, il a cheminé du bon au sublime pour finir par un spectacle ennuyeux, sans génie… sans saveur.

Quand Kester Emeneya monte sur scène, le public est réceptif car séduit par son orchestre qui a introduit le concert avec une savoureuse interprétation de la chanson « Lundi ». Ses jeunes chanteurs n’ont pas montré de trac et ne se sont pas pris pour ce qu’ils n’étaient pas. Discipline et harmonie au chant, pétillants à la danse, la soirée démarre sous de bons augures. Quand Kester Emeneya monte sur scène, il est presque 3 heures et l’instant est émouvant. Emeneya est classe dans son habillement, le pas lent avec la légendaire frime et un chant qui illustre à merveille ses talents de très bon chanteur. Des chansons tirées de ses deux derniers albums sont interprétés, le son est excellent, l’orchestre brillant, le chant mélodieux, mais l’ambiance reste linéaire.

Quand l’orchestre exécute un titre des années 80, le public exulte et semble dire Enfin ! Il chante et bouge avec l’orchestre. Quand la partie dansante est lancée, le public reprend en chœur les cris d’animation. La soirée atteignit les sommets pour retomber, dès la chanson suivante, dans une ambiance à l’encéphalogramme pas très folichon, sauf quand les chanteurs se lancent dans l’exécution de la nouvelle danse « Pigeon-Pigeon ». L’ambiance est rehaussée par des instrumentistes qui égrènent des musiques aux sons bien distincts, avec une réjouissante expression des guitares. Mais à force d’aligner des chansons récentes peu connues du public, l’ambiance retomba désespérément… Même Kester sembla s’ennuyer et sa désinvolture était contagieuse. Dans le public, certains roupillent carrément. Il est 5 heures, Emeneya se perd dans un verbiage que viendra clore la fermeture impitoyable des rideaux car à l’Olympia, l’heure c’est l’heure.

Miss Delon, une ravissante promesse d’avenir
Faire la première partie du concert d’Emeneya avait conféré à la chanteuse ivoirienne Miss Delon le statut de bouc émissaire. Le public se vengea sur elle pour ce concert qui démarra très au-delà de 0 heure. Elle se fit injustement huée avant de retourner le public. Des sifflets injustes pour Miss Delon, une pureté de beauté doublée d’une chanteuse à une voix pleine de volupté. Qui, hélas ne put épuiser le répertoire prévu : Pour à peine une interprétation de cinq chansons, la Miss eut l’imprudence de prévoir deux changements de tenue. Le rideau se referma sur elle en pleine interprétation d’une chanson. C’est avec un sentiment de fort dépit que la chanteuse interrompit sec sa chanson.
Il y a des soirs comme, fussent-ils, à l’Olympia.