RDC : Ouvert ce lundi matin, le procès de Matata Ponyo et consort a été reporté au 8 nov 2021.
Le procès Augustin Matata Ponyo et consorts s’est ouvert ce lundi 25 octobre à Kinshasa. L’ancien Premier ministre de la république démocratique du Congo, Mr Augustin Matata Ponyo accompagné de Patrice Kitebi, ancien directeur général du Fonds de promotion des investissements et Christo Grobler, un Sud-Africain ont comparu devant la Cour constitutionnelle. Le procès a été reporté au 8 novembre 2021.
Ils sont poursuivis par le procureur général près cette Cour pour détournement présumé de deniers publics, fonds destinés au projet du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo.
Le procès Matata Ponyo et consorts sur l'affaire du parc Agro industriel de Bukanga Lonzo, est reporté au 8 novembre prochain. La Cour constitutionnelle a renvoyé la cause faute d'interprète pour le Sud-Africain Grobler Christo, gérant de la société Africom comparaissant avec Matata et Patrice Kitebi.
La Cour a jugé utile de permettre au prévenu sud-africain de se trouver un interprète de son choix pour la bonne compréhension des audiences.
A cette première comparution, le juge pénal s'est déclaré régulièrement saisi à l'égard de tous les prévenus, nonobstant l'exception d'irrégularité soulevée par une des parties de la défense.
Il va prochainement poursuivre l'audition interrompue de la présentation des faits par le ministère public à charge des prévenus.
Pour rappel, dans un rapport publié le 18 novembre 2020, l'Inspection générale des finances (IGF) avait affirmé que le Trésor public avait débloqué 285 millions USD pour le futur parc agro-industriel de Bukanga Lonzo. Sur ce montant, 205 millions auraient été détournés. Dans ce rapport, Mr Augustin Matata avait été présenté comme auteur intellectuel de la débâcle de ce projet lancé en 2014.
Tous les trois accusés ont comparu libres. A ce début d'audience, la première des choses a été d'identifier les prévenus.
Cette comparution augure une première jurisprudence, un nouveau droit. Car, on n'a jamais assisté à une telle affaire, dont une haute personnalité comparait sans que son immunité ne soit levée.
A la rentrée judiciaire de la Cour constitutionnelle le 16 octobre dernier, le président de cette juridiction a annoncé qu'en six ans de son existence, sa juridiction va exercer une de ses missions consistant à juger, pour la première fois, un ancien Premier ministre.
Un projet au goût d'inachevé
Le projet du Parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo s'est avéré, selon la Mission de la Banque Mondial en RDC, l'un des plus ambitieux initié par le gouvernement et qui touche directement sur le bien de la population. Initiée en 2014 comme projet pilote des 22 parcs agro-industriels que devrait compter ce pays, le parc Agro Industriel de Bukanga-Lonzo avait pour mission de produire du maïs, du haricot, des légumes frais ainsi que de la viande afin de répondre au besoin alimentaire.
Ce projet aujourd'hui en abandon, devrait permettre à la RDC de réduire sensiblement les impacts néfastes de son économie extravertie qui lui fait dépenser près de 2 milliards de dollars USD chaque année dans les importations des vivres.
Lancé avec pompe le 15 juillet 2014 par le président Joseph Kabila, le projet du Parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo a englouti, selon l'Inspecteur général des finances, plus de 200 millions de dollars américains, dans des détournements des fonds, sans atteindre les objectifs escomptés.
Ce projet qui exigeait en totalité 500 millions de dollars pour sa matérialisation s'est vu couper de financement par le gouvernement en 2017, alors qu'il commençait déjà à produire de la farine des maïs, entrainant la baisse du prix sur le marché, s'est indigné le gestionnaire Sud-Africain Africom.
Au cours de sa visite à Bukanga-Lonzo le 20 aout 2020, le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba était peiné et a cherché à comprendre ce qui a pu justifier pareil gaspillage des ressources publiques.
Des épandeurs qui n'ont jamais volé parce que cloués au sol. Des tracteurs neufs jamais utilisés et dont les moteurs ont été retirés et montés sur des baleinières privés, des tonnes d'engrais chimiques abandonnés, tel était le constat fait par l'ancien Premier ministre.
Dans un pays ou 3,3 millions d'enfant souffrent de la malnutrition en 2021 selon l'UNICEF, les organisations de la société civiles disent ne pas comprendre pourquoi le gouvernement avait décidé de couper brusquement le financement de ce projet et continuer à dépenser plus 1,5 milliards USD dans les importations des vivres ?
Pour tirer tout cela au clair, le collectif des 33 ONGDH exige aussi la comparution de tous les acteurs impliqués à la gestion de Bukanga-Lonzo au moment de l'arrêt du projet.